A380 – Emirates remet la pression sur Airbus

Rédigé le 01/02/2019

AIR&COSMOS – 1 fév. 2019 | Par Jean-Baptiste HEGUY

Un Airbus A380 d’Emirates. © Airbus

Un an après avoir passé une commande supplémentaire de 20 Airbus A380, plus 16 options, Emirates a annoncé, selon l’agence de presse Reuters, qu’elle envisageait de convertir tout ou partie de cette commande en Airbus A350, moins gourmands en carburant. Ce revirement remet en péril l’avenir du programme du très gros porteur d’Airbus.

Le feuilleton Emirates/Airbus à propos de l’A380 repart. Selon l’agence de presse Reuters, la compagnie de Dubaï souhaiterait convertir tout ou partie de sa dernière commande de 20 A380, plus 16 options (pour un montant total de 14 milliards d’euros), confrontée à des discussions difficiles avec Rolls Royce concernant leur motorisation. Emirates cherche notamment à obtenir des gains de consommation de carburant et serait encline à se tourner vers l’A350, qui affiche d’excellentes performances sur ce plan.

Airbus a confirmé que « des discussions étaient en cours avec Emirates au sujet de l’A380 ». Tout le problème va être pour l’avionneur européen de limiter au maximum le nombre de conversions pour éviter que le programme du super gros porteur ne soit à nouveau en péril. En effet, alors même que la dernière commande d’Emirates n’avait pas encore été passée, le directeur commercial d’Airbus, John Leahy avait déclaré : « Si nous ne parvenons pas à un accord, il faudra stopper l’A380 ». Initialement attendue lors du salon aéronautique de Dubai en novembre 2017, la commande supplémentaire avait été finalisée deux mois plus tard, assurant la production « pour au moins dix ans ». Sachant qu’Airbus a déjà du baisser sa cadence annuelle de livraison à seulement huit A380, l’avenir du programme serait clairement compromis s’il y avait encore une modification dans le carnet de commandes.

Au 31 décembre 2018, un total de 234 livraisons d’A380 ont été effectuées, pour un total à ce jour de 324 commandes. Emirates est de loin le plus gros client avec 162 commandes et encore 53 avions à livrer. Si Emirates convertit en totalité sa dernière commande, Airbus devrait vite trouver des solutions de remplacement pour assurer la pérennité du programme, peut être du côté des compagnies chinoises ou de British Airways, qui exploite 12 A380-800. « Je n’ai pas d’inquiétude sur l’A380. C’est un excellent appareil pour nous », a ainsi déclaré à l’AFP, Willie Walsh, directeur général du groupe IAG. « J’ai été très clair avec Airbus. S’ils veulent vendre l’appareil, ils vont devoir être très agressifs sur le prix parce que la concurrence est grande entre les constructeurs aéronautiques à l’heure actuelle. »