Qui était Roger Béteille, initiateur de l’A300 et père fondateur d’Airbus ?

Rédigé le 24/06/2019

L’USINE NOUVELLE – Publié le 24/06/2019 À 10H22

Airbus a annoncé le 22 juin la mort de Roger Béteille, l’un de ses pères fondateurs. Né en 1921, l’ingénieur était célèbre pour avoir dirigé les débuts du programme A300, la genèse de l’avionneur européen.

Roger Béteille (troisième à gauche) lors du premier vol d’essai de l’A300B en 1972. © Fonds André Cros / Archives municipales de la ville de Toulouse / CC BY-SA 4.0

Samedi 22 juin, le groupe Airbus a annoncé la mort de l’un de ses pères fondateurs. Né à Vors (Aveyron) en 1921, Roger Béteille est décédé à l’âge de 97 ans vendredi 14 juin, quelques jours avant l’ouverture du salon aéronautique du Bourget. Cette disparition intervient alors que l’avionneur européen fête son cinquantième anniversaire en 2019.

Le premier vol de la Caravelle en 1955

Diplômé de l’École polytechnique (promotion 1940), de Sup’Aéro (devenu ISAE-SUPAERO) et du Centre des hautes études de l’Armement (CHEAr), Roger Béteille débute sa carrière à la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est (SNCASE) puis à la SNCASO comme directeur des essais en vol. Il contribue notamment aux lancements des programmes de l’avion quadrimoteur Armagnac puis de l’avion de ligne biréacteur Caravelle. En 1955, il participe au premier vol de la Caravelle (voir vidéo ci-dessous).

Dans les années 1950, la SNCASE et la SCASO fusionnent pour former Sud-Aviation, ancêtre d’Aérospatiale. Roger Béteille est alors directeur des missiles et des satellites puis directeur technique de Sud-Aviation.

Initiateur de l’A300, premier modèle d’Airbus

Surnommé “Monsieur Airbus”, Roger Béteille est surtout connu comme l’un des trois initiateurs du bimoteur A300, le premier modèle d’Airbus, avec Henri Ziegler (1906-1998) et l’ingénieur allemand Félix Kracht (1912-2002). En 1969, la France et l’Allemagne signent un accord de coopération au Salon du Bourget pour lancer le programme et acter la fondation de l’avionneur européen, une future réussite face à la concurrence de Boeing.

Toujours vêtu d’une cravate blanche sur chemise blanche, Roger Béteille dirige le programme A300 dans les années 1970 et répartit les travail entre les partenaires internationaux d’Airbus. « Pour être compétitifs, il a fallu spécialiser les industriels. Les Allemands ont pris le fuselage et les empennages, les Britanniques les ailes et les Français les fuselages centraux et les postes de pilotage », expliqua-t-il en 1999 à l’AFP. « J’ai réussi à monter un système dans lequel chaque partenaire s’occupe de ses oignons, mais accepte que les autres aient leur mot à dire. […] Le seul danger pouvant menacer Airbus serait si les partenaires se chamaillaient d’une manière qui entraînerait une baisse d’efficacité. Ce serait catastrophique », poursuivait-il.

(Henri Ziegler et Roger Béteille, de dos, devant le moteur General Electric de l’Airbus A300B. Crédit : Fonds André Cros / Archives municipales de la ville de Toulouse / CC BY-SA 4.0)

Roger Béteille, “âme technique” d’Airbus

En 2009, lors d’un entretien avec L’Usine Nouvelle, l’ex-directeur technique d’Airbus Bernard Ziegler saluait Roger Béteille comme “l’âme technique” de l’entreprise. “L’esprit cow-boy, c’était par exemple ne pas accepter les disciplines préétablies, les remettre en question si nécessaire. Nous respections les règles, mais quand il fallait les contourner, on le faisait”, déclarait Bernard Ziegler à propos de ces premières années chez Airbus.

Directeur général d’Airbus Industrie à partir de 1975, il prend sa retraite en 1985. Plus récemment, en 2012, le travail de l’ingénieur avait été salué à l’occasion de l’inauguration de l’usine d’assemblage du long courrier A350. Celle-ci a été baptisée “Roger-Béteille” par le Premier ministre de l’époque Jean-Marc Ayrault.