Méga-commande Airbus la Chine envoie un message à Donald Trump

Rédigé le 27/03/2019

CHALLENGES – Par Antoine Izambard le 26.03.2019 à 16h19

INTERVIEW – Pour Jean-François Dufour, directeur du cabinet DCA Chine, Pékin qui a finalisé lundi une importante commande de 290 Airbus A320 et 10 A350, adresse un message à l’attention des États-Unis alors que les négociations commerciales avec Washington se poursuivent.

Xi Jinping applaudit la signature d’un accord entre le président d’Airbus Guillaume Faury et le patron de la China Aviation Supplies Holding Compagny Jia Baojun, le 25 mars 2019 à Paris.

Joli coup pour Airbus. L’avionneur européen a signé lundi un méga-contrat de 290 A320 et 10 A350 avec la centrale étatique chinoise CASC, lors du deuxième jour de la visite du président Xi Jinping en France. L’accord commercial, qui avoisine les 30 milliards d’euros, est aussi plus important qu’espéré puisqu’il prévoyait initialement l’achat par Pékin de 184 A320. Une commande attendue depuis des années mais particulièrement bienvenue à l’heure où le grand rival Boeing connaît des difficultés, analyse Jean-François Dufour, directeur du cabinet d’analyses DCA Chine.

Challenges – Comment interprétez-vous cette méga-commande, nettement plus importante que prévu?

Jean-François Dufour – Elle revêt une forte dimension diplomatique puisque cet accord égale celui, record, signé en 2017 par Pékin avec Boeing. Ce dernier avait été acté à l’occasion de la visite en Chine de Donald Trump, avant la « guerre commerciale » entre les deux pays. Il portait sur l’achat de 300 Boeing (260 moyen-courrier B737 et 40 long-courrier B777/787) et illustrait la volonté de Pékin de diversifier ses achats d’avions tout en adressant un signal positif à l’égard de l’administration Trump. Aujourd’hui le contexte n’est plus du tout le même. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis est passée par là. De ce point de vue, ce méga-contrat obtenu par Airbus peut être perçu comme un message à l’attention des Etats-Unis. Après le crash du Boeing 737 MAX de la compagnie Ethiopian Airlines, la Chine a été le premier pays à clouer au sol ses 737 MAX qui étaient au cœur du méga-contrat de 2017. Puis, avec ces achats d’avions Airbus, et alors que les négociations commerciales avec Washington se poursuivent, Pékin dit clairement à Boeing et à Donald Trump : « Attention vous n’êtes pas surpuissants. L’Europe aussi existe ».

Cette commande permet-elle à Airbus de reprendre la main par rapport à Boeing sur le marché chinois?