Un duo franco-allemand à la tête d’Airbus, Rene Obermann président du conseil

Rédigé le 10/04/2019

L’USINE NOUVELLE – Publié le 10/04/2019 À 17H36, mis à jour le 10/04/2019 À 20H00

Airbus a nommé l’Allemand Rene Obermann pour prendre la présidence de son conseil d’administration en 2020, ce qui perpétuera l’équilibre franco-allemand puisque, dans le même temps, le Français Guillaume Faury est officiellement devenu président exécutif du groupe.

Airbus a nommé mercredi l’Allemand Rene Obermann (photo) pour prendre la présidence de son conseil d’administration en 2020, ce qui perpétuera l’équilibre franco-allemand puisque, dans le même temps, le Français Guillaume Faury est officiellement devenu président exécutif du groupe. /Photo d’archives/REUTERS/Lisi Niesner © Lisi Niesner

Réunis en assemblée générale, les actionnaires de l’avionneur européen Airbus ont approuvé la nomination de Guillaume Faury comme président exécutif et choisi Rene Oberman comme président de son conseil d’administration. Si la choix du premier était déjà connu, la désignation du deuxième, ancien président du directoire de Deutsche Telekom, doit permettre de compléter le remaniement de la direction du groupe, entrepris pour présenter de nouveaux visages dans les négociations à venir sur un éventuel règlement des procédures pour corruption présumée visant le groupe. Ces enquêtes, notamment en France et en Grande-Bretagne, ont menacé de provoquer une discorde franco-allemande.

L’actuel président Denis Ranque, qui avait déjà annoncé son intention de prendre sa retraite l’an prochain, a parlé d’un passage vers une « nouvelle génération de dirigeants ».

Rene Obermann a présidé le directoire de Deutsche Telekom de 2006 à 2013. Devenu ensuite directeur exécutif de la société de capital-investissement Warburg Pincus, il était perçu à Berlin comme le favori du gouvernement allemand pour présider le conseil d’Airbus.

Airbus, qui doit faire face à des enquêtes dans plusieurs pays pour corruption présumée, a modifié ses règles internes en 2013 pour s’affranchir davantage des gouvernements français et allemand, qui détiennent chacun 11% de son capital.

Mais les nominations aux postes de haut niveau restent sensibles, le groupe portant encore les cicatrices des luttes de pouvoir précédentes, et des sources proches d’Airbus ont déclaré que l’annonce du successeur de Denis Ranque un an à l’avance enverrait à Berlin le message que l’équilibre binational serait effectif.

Nouvelles méthodes de production

A la tête de Deutsche Telekom, Rene Obermann avait notamment tenté de vendre T-Mobile US à AT&T, une opération qui a échoué mais a rapporté à Deutsche Telekom une indemnité forfaitaire de 6 milliards de dollars.

L’annonce de sa nomination chez Airbus intervient alors que l’Allemand Tom Enders quitte ses fonctions de président exécutif du groupe pour être remplacé par Guillaume Faury, actuel président d’Airbus Aviation commerciale (AAC).

Lors de l’AG à Amsterdam, Guillaume Faury a déclaré que ses priorités étaient notamment de travailler à de nouvelles méthodes de production et de continuer à tirer parti du numérique.

Airbus a fait savoir qu’il réduisait l’indemnité de rupture de ses futurs dirigeants, à un an de salaire et de primes contre 18 mois jusqu’ici, et que les éventuelles clauses de non-concurrence seraient limitées à un an.

Le montant des indemnités de départ de Tom Enders, près de 40 millions d’euros dont une clause de non-concurrence de 3,2 millions d’euros valable au moins un an, a suscité des critiques en France. Tom Enders n’a pas reçu d’indemnités de licenciement car il prend sa retraite à la fin de son deuxième mandat de président exécutif. Mais le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est dit opposé aux indemnités excessives. Airbus a fait valoir que ces indemnités étaient « conformes aux pratiques du marché » et au gouvernement d’entreprise aux Pays-Bas, où Airbus est domicilié.