Aéronautique : Airbus en pleine « remontada »

Rédigé le 11/12/2018

LA TRIBUNE – Par Fabrice Gliszczynski 11/12/2018

(Crédits : Reuters) Après avoir livré 87 appareils en novembre (hors les ex C-Series de Bombardier), l’avionneur européen doit livrer en décembre 121 appareils pour respecter son objectif de livraisons revu à la baisse à l’automne et 139 pour créer la surprise et atteindre l’objectif de 800 livraisons initialement fixé.

Airbus est-il parti pour faire une « remontada » aussi spectaculaire que celle constatée  l’an dernier quand l’avionneur, à la suite d’un mois de décembre sur les chapeaux de roues en termes de commandes et de livraisons d’avions, avait coiffé Boeing sur le poteau dans la course aux commandes et battu son record de production ?

Boeing nettement devant Airbus

Le scénario est tentant car la situation d’Airbus aujourd’hui ressemble à celle de l’an dernier à la même date. En retard sur Boeing dans le match des prises de commandes (380 commandes nettes à fin novembre contre 642 pour l’Américain à fin octobre), l’avionneur européen vient d’engranger une commande ferme du loueur d’avions Avolon portant sur 100 exemplaires remotorisés de la famille A320 (Neo).

Ayant encore un grand nombre de protocoles d’accords signés au salon aéronautique de Farnborough en juillet qui n’a pas été transformé en commandes fermes, le groupe européen a encore une petite chance, au moins sur le papier, de rattraper son retard et devancer son rival américain, à la double condition de finaliser de nombreux contrats d’ici à la fin du mois et que son rival américain marque pendant ce temps le pas.

Pour autant, la situation diffère un peu par rapport à l’année dernière, où Airbus avait enregistré 850 commandes pour le seul mois de décembre pour finir l’année à plus de 1.100 commandes nettes. Selon certains analystes, Airbus ne réitèrera pas sa performance exceptionnelle et devrait comptabiliser plus de 600 commandes nettes sur l’ensemble de l’année, en retrait par rapport à Boeing.

La production tourne à plein régime

C’est donc peut-être sur les livraisons qu’Airbus a plus de chances de réussir sa « remontada ». Début novembre, les difficultés des motoristes à fournir les moteurs, les soucis internes observés sur l’une des chaînes d’assemblage final de Hambourg, et les doutes sur la prise effective de certains avions par des clients, avaient contraint Airbus à réviser à la baisse son objectif annuel de livraisons à 782 appareils (hors A220, anciennement C-Series de Bombardier) contre 800 initialement. A ce moment-là, le constructeur européen affichait 574 appareils au compteur. Il lui fallait donc réaliser 208 livraisons en deux mois pour atteindre son nouvel objectif, et 226 pour atteindre l’ancienne prévision de 800 appareils livrés. Soit entre 104 et 113 livraisons en moyenne au cours des deux derniers mois de l’année.

Un mois plus tard, l’objectif est toujours atteignable. Après avoir livré 87 appareils en novembre, l’avionneur affichait 661 livraisons début décembre, et doit désormais livrer 121 appareils en décembre pour atteindre l’objectif présenté aux investisseurs et 139 pour réaliser l’objectif initialement prévu, lequel lui permettrait de talonner Boeing qui vise entre 810 et 815 livraisons. Si l’on songe qu’Airbus est parvenu à livrer 127 appareils en décembre 2017, la « remontada » sera effectivement jouable. D’autant plus que les motoristes livrent leurs moteurs, et que les doutes sur plusieurs livraisons d’A330 (notamment ceux d’Hainan Airlines) en raison des incertitudes sur leur financement ont été levés.