Airbus poursuit sa course contre la montre

Rédigé le 03/11/2018

LES ECHOS – Anne Bauer Le 31/10 à 16:43 – Mis à jour le 02/11 à 09:43

Airbus joue une course contre la montre pour livrer 800 appareils cette année. (AFP PHOTO/REMY GABALDA) – REMY GABALDA/AFP

Fort de bons résultats trimestriels, l’avionneur européen compte toujours  livrer cette année 800 appareils, en dépit des difficultés des motoristes. Dans le militaire, l’A400M reste un dossier épineux.

La course contre la montre continue ! Airbus promet toujours de livrer 800 avions en 2018, contre 718 appareils en 2017. A fin septembre, 503 appareils avaient été livrés. L’augmentation de la cadence de production des A320neo et des A350 s’intensifie mais, à ce stade, le groupe reste prudent.

Après avoir annoncé de bons résultats trimestriels ce mercredi, Airbus se réserve une petite marge par rapport à sa promesse initiale : il intègre désormais dans ses prévisions les 18 avions A220 ( ex-Cseries) de Bombardier , entreprise consolidée dans les comptes depuis juillet. Il prévient aussi que « beaucoup reste à faire d’ici la fin de l’année pour honorer les engagements », tout en rappelant les difficultés de ses partenaires motoristes.

Pas plus tard que la semaine dernière, Rolls-Royce a annoncé qu’il livrerait cette année moins de moteurs Trent 7.000 – équipant les Airbus A330neo – que prévu, tandis que Safran a reconnu avoir encore un retard d’un mois en moyenne sur les livraisons de moteurs LEAP.

Forte pression

Dans les usines, la pression est forte. Le futur patron d’Airbus,  Guillaume Faury, joue un peu de sa réputation sur la nécessaire montée en cadence. Au sein des différents programmes, l’actuel pilote, Tom Enders, en poste jusqu’en mars prochain, s’est félicité des performances de l’A350, dont la production augmente comme prévu vers une dizaine d’appareils par mois, le tout dans une enveloppe de coûts maîtrisée. Il est plus inquiet pour son marché principal : l’A320. A fin septembre, 222 appareils  A320neo avaient été livrés contre 90 un an plus tôt et l’objectif est de passer à un rythme mensuel de production de 60 A320 mi-2019, contre 55 actuellement.

Pour la famille des gros-porteurs A330 et A380, le directeur financier Harald Wilhelm reconnaît que l’enjeu est d’abord de chercher de nouveaux clients plutôt que de se préoccuper du rythme de production. En théorie, le gros-porteur A330 est la deuxième source de revenus pour Airbus derrière le mono-couloir A320, mais la dernière version de l’avion souffre pour l’instant de piètres performances commerciales et de problèmes de fiabilité des moteurs en phase de test.

Toutefois, la Bourse a salué mercredi les résultats du groupe européen d’aéronautique et de défense : Airbus a plus que triplé son bénéfice net au troisième trimestre. Sur neuf mois, il augmente de 4 % à 1,45 milliard d’euros pour un chiffre d’affaires en hausse de 6 % à 40,42 milliards.

A400M, négociations pénibles

Dans la liste des dossiers à régler, le patron d’Airbus Tom Enders n’a pas caché que les négociations avec les Etats clients de l’A400M restaient poussives. Alors que le groupe espérait conclure en fin d’année un accord pour refixer des prix, des volumes et des délais sur les livraisons de cet avion militaire, les négociations progressent « un peu plus lentement que prévu », constate-t-il, sans écarter la possibilité d’un accord avant 2019.

D’un côté, Airbus se heurte aux Etats en difficulté budgétaire comme l’Espagne, qui souhaitent revoir à la baisse le nombre de commandes, et de l’autre, il doit discuter avec les pays qui comme la France ou l’Allemagne pratiquent des retenues sur les prix, tant que l’avion ne remplit pas toutes les promesses d’origine. En attendant, l’export ne démarre pas, au grand regret du constructeur. Pour l’instant, Airbus n’a que très légèrement relevé sa provision pour refléter ces dérives, de 98 à 105 millions d’euros. L’an dernier,  le groupe avait provisionné 1,3 milliard d’euros sur l’A400M après 2,2 milliards en 2016.