USINE NOUVELLE – Publié le 04/11/2018

Quatre ans après avoir décroché le contrat, Airbus livre le 5 novembre à la Nasa un premier module central pour le vaisseau spatial habité de la mission Orion. Objectif, effectuer des missions lointaines à partir de 2020. Retour sur une prouesse technologique.

Placé à l’arrière de la capsule habitée, le module d’Airbus est chargé d’assurer la propulsion, la puissance, les manoeuvres orbitales, le contrôle d’altitude du vaisseau et de fournir aux astronautes de l’eau et de l’oxygène. © Airbus

Lundi 5 novembre, Airbus livre à la Nasa un premier modèle de module de service européen (ESM) dans le cadre du projet Orion, qui vise à envoyer une première capsule habitée pour des missions lointaines en 2020. L’ambition de cette nouvelle génération de vaisseau spatial : emmener les astronautes au-delà de l’orbite terrestre basse de la Terre, c’est à dire au-delà de la Lune, une première depuis la fin du programme Apollo, dans les années 1970.

Le module quitte le site de Brême d’Airbus, en Allemagne, via un avion-cargo Antonov, pour être transporté au centre spatial Kennedy, en Floride (États-Unis). L’Agence Spatiale Européenne (ESA) avait sélectionné Airbus en novembre 2014 comme maître d’oeuvre du développement et de la fabrication de ce premier ESM, avant de lui en confier un second en 2017 via un contrat de 200 millions d’euros. Son partenaire industriel est Lockheed Martin Space.

Placé à l’arrière de la capsule habitée, ce module est chargé d’assurer la propulsion, la puissance, les manoeuvres orbitales, le contrôle d’attitude du vaisseau et de fournir aux astronautes de l’eau et de l’oxygène. Il veille également au contrôle thermique du module d’équipage auquel il est accroché.

(source: Airbus)

Plus de 20 000 pièces et composants

« L’assemblage de l’ESM – un cylindre d’environ quatre mètres de diamètre et de hauteur – comprend plus de 20 000 pièces et composants, depuis l’équipement électrique, moteurs, panneaux solaires, réservoirs de carburant, systèmes de survie, jusqu’à plusieurs kilomètres de câbles et de tubes », précise Airbus dans un communiqué. Avec 19 mètres d’envergure une fois déployés, ses quatre panneaux solaires généreront l’électricité équivalente à la consommation de deux foyers. Les 8,6 tonnes d’ergols de l’ESM alimenteront le moteur principal et 32 micro-propulseurs. Sa masse totale au décollage est légèrement supérieure à 13 tonnes.

Pour le développer, Airbus s’est appuyé sur son expérience de maître d’oeuvre de l’ATV, un cargo européen automatisé qui a régulièrement ravitaillé les équipages de la Station Spatiale Internationale (ISS) en matériel de recherche, pièces détachées, nourriture, eau, oxygène et carburant.

Une première mission habitée en 2022

« Le module d’équipage et le module de service seront très prochainement tous deux rassemblés au centre spatial Kennedy. L’intégration et les essais pourront alors commencer », précise Oliver Juckenhöfel, Head On-Orbit Services and Exploration chez Airbus. « Nous avons d’ores et déjà commencé l’intégration du deuxième module de service dans nos salles blanches. »

(source: Airbus)

Baptisé Exploration Mission-1, le premier lancement de la capsule Orion à bord du nouveau lanceur Space Launch System de la NASA est prévu pour 2020. Si ce vol inhabité devrait mener le vaisseau à plus de 64 000 km au-delà de la Lune afin de valider ses capacités, la première mission habitée, Exploration Mission-2, est prévue quant à elle pour 2022.

« La capsule Orion est conçue pour transporter des astronautes dans des régions de l’Espace jusqu’ici inexplorées, tout en assurant la survie de l’équipage de quatre astronautes pendant le vol et en garantissant leur retour sur Terre en toute sécurité, même à des vitesses extrêmement élevées de rentrée », précise Airbus. « La NASA s’appuiera sur cette mission au-delà de la Lune afin de développer les capacités nécessaires pour envoyer des astronautes vers Mars, et faire ainsi entrer le vol spatial habité dans une nouvelle ère. »